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La Chine face au Giec

5 mars 2007 - La Chine face au Giec

Le rapport scientifique de l'ONU, rendu public le mois dernier par le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec), pointe du doigt les grands pollueurs à l’instar des États-Unis. La Chine est elle aussi prise dans un étau. Si l'environnement est l'une des priorités du régime communiste chinois, comme l'a réaffirmé aujourd’hui le Premier ministre Wen Jiabao, une Chine plus « verte » reste un objectif bien difficile à atteindre, selon les analystes.

En effet, la Chine, deuxième émetteur de gaz à effet de serre de la planète derrière les États-Unis, n'a pas les moyens actuellement de modifier sa dépendance aux énergies fossiles polluantes, en particulier au charbon. Lors d'une conférence de presse sur le réchauffement climatique qui a eu lieu le 6 février dernier et qui constituait la première réponse officielle chinoise au rapport scientifique de l'ONU publié quelques jours avant, Qin Dahe, le patron de l'Association météorologique chinoise, avait souligné que son pays manquait de moyens non seulement financiers mais aussi technologiques pour se convertir vraiment aux énergies propres et renouvelables. « Remplacer 70% de la consommation énergétique demande énormément d'argent », avait-il dit.

La Chine, qui a vécu depuis le lancement des réformes économiques à la fin des années 1970 sa révolution industrielle en devenant l'atelier du monde, en a payé lourdement le prix : plus de 70% des rivières et des lacs sont pollués et au moins 300 millions d'habitants n'ont pas accès à l'eau potable, selon des données officielles. Aujourd’hui, elle a massivement recours au charbon, qui pourvoit à plus des deux tiers de son électricité, pour alimenter sa croissance. Mais elle n'est pas concernée par les restrictions du protocole de Kyoto sur les émissions de dioxyde de carbone (principal gaz à effet de serre) car elle est toujours considérée comme un pays en voie de développement. Selon Qin Dahe, les prémices du réchauffement sont déjà perceptibles en Chine où les températures hivernales sont nettement au-dessus des normales saisonnières. Selon le China Daily, en février à Pékin le mercure a été au plus haut des 30 ans dernières années.

Dans son discours de politique générale aujourd’hui, lors de l'ouverture de la session annuelle du Parlement, le Premier ministre Wen Jiabao a reconnu la difficulté à changer de modèle de croissance. « Le mode de croissance économique reste extensif. Cela se manifeste surtout par une forte consommation d'énergie et une grave pollution », a-t-il dit. « Le défi pour l'avenir est d'arriver à une croissance économique qui soit durable sur le plan environnemental. C'est surtout une question économique et sociale », note Kishan Khoday du bureau de Pékin du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

L'un des principaux obstacles, a indiqué Wen Jiabao, réside dans la résistance des autorités locales à s'adapter aux vents nouveaux. Yang Fuqiang, représentant de l'ONG américaine The Energy Foundation, pointe du doigt les générateurs thermiques vétustes et autres usines hautement polluantes qui continuent à exister dans les provinces. « Le succès ou l'échec dépendra de ce qui se passe au niveau local », confirme-t-il. Le succès dépendra surtout de la capacité du gouvernement central de faire respecter les lois, alors que l'Agence d'État chargée de la protection de l'environnement (Sepa) ne dispose que de peu de moyens.

Le discours de Wen Jiabao « est un bon point de départ, qui montre que le gouvernement a pris conscience du problème », juge Yang Ailun, membre de Greenpeace chargé en Chine du programme sur le climat et l'énergie. « Mais s'ils sont vraiment désireux de réformer, ils doivent faire plus. Les objectifs ne veulent rien dire s'il n'y a pas vraiment de contrôle et de mise en œuvre », ajoute-t-il.

Selon les spécialistes, la Chine aura besoin tout à la fois d'une politique basée notamment sur les énergies renouvelables, d'une plus grande coopération internationale, d'investissements technologiques importants et de taxes plus élevées sur l'essence, cette dernière mesure étant cependant politiquement difficile à faire passer. La première mission pour le gouvernement sera de faire respecter l'objectif proclamé par Wen Jiabao d'une croissance de 8%. « Si la croissance est plus élevée, ils auront du mal à réduire la consommation d'énergie », remarque Yang Ailun. En 2006, la Chine n'a pas atteint son objectif annuel, contenu dans le XIe plan (2006-2010), de baisser de 4% la consommation d'énergie par unité de PIB et de 2% les émissions de matières polluantes. « Ce sera une tâche très difficile pour le gouvernement chinois d'atteindre ces objectifs et la question reste pleine et entière : peut-il le faire ? », s'interroge Yang Fuqiang.

Pour aborder de façon objective les enjeux liés au développement des énergies renouvelables, et pour mieux envisager les alternatives qui existent pour changer notre consommation d'énergies fossiles, vous pourrez vous reporter à l'ouvrage Énergies alternatives, qui vient de paraître chez Omniscience.
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