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4e rapport du Giec, deuxième volet

6 avril 2007 - 4e rapport du Giec, deuxième volet

Les experts du climat ont publié aujourd’hui à Bruxelles un diagnostic alarmant des impacts du réchauffement climatique, à l'issue d'une nuit de discussions où plusieurs pays, dont les États-Unis et la Chine, ont contesté leurs conclusions. Dans son résumé à l'intention des décideurs, le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) insiste sur deux messages majeurs : nul n'échappera au réchauffement déjà en cours, qui frappera prioritairement les plus pauvres ; au-delà de 2 à 3 degrés de hausse par rapport à 1990, il aura des « impacts négatifs sur toutes les régions » du monde, notamment une extinction irréversible de 20 à 30% des espèces végétales et animales.

Par continent, par secteur d'activité, le Giec dessine ainsi aux dirigeants un monde aux perspectives effrayantes, attestées par l'ampleur des études et des données. « Nous avons utilisé 29 000 séries de données différentes », insiste l'un des principaux auteurs sur l'Europe, Joseph Alcamo de l'université de Kassel en Allemagne. Cet expert a mal vécu les tentatives de certains pays pour édulcorer le message scientifique. « Certaines objections n'étaient pas scientifiquement motivées », lâche le Joseph Alcamo. « Certains pays cherchent à minimiser les risques. » À la demande des États-Unis, la quasi-totalité des données chiffrées a été retirée du résumé à l’intention des décideurs, la partie la plus visible du travail des experts, puisque le rapport proprement dit totalise 1 400 pages. Dans ce résumé, synthèse d'environ 20 pages du rapport complet qui doit être approuvé ligne à ligne puis voté par des délégués mandatés par leur gouvernement, les États-Unis ont demandé et obtenu l'élimination du paragraphe indiquant que l'Amérique du Nord « devrait être localement confrontée à de graves dommages économiques et à des perturbations substantielles de son système socio-économique et culturel », selon un observateur. Ce qui n'a pas empêché Washington de souligner que « ce rapport insiste sur ce que le Président [Bush] dit depuis un certain temps sur la gravité de ce défi et la nécessité d'y répondre », selon le principal responsable des questions environnementales à la Maison Blanche James Connaughton.

« L'Union européenne voulait un signal fort, l'Amérique a pinaillé », a résumé un délégué, qui n'appartient à aucun des deux groupes. « C'est la première fois que la science est ainsi mise en cause par les politiques », a remarqué un autre délégué. « Mais ne vous y trompez pas, toutes les données figurent toujours dans le rapport complet et constituent un message fort. » Cette volonté d'obstruction augure mal des prochains grands rendez-vous internationaux, comme le sommet des pays les plus industrialisés (G8) en juin à Heiligendamm (nord-est de l'Allemagne). La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays préside ce semestre l'Union européenne, a réitéré sa volonté d'y aborder le thème du climat et a réclamé une « action rapide et énergique » de la communauté internationale.

De même que l’Arabie saoudite et la Russie, la Chine s'est aussi opposée à un paragraphe soulignant « le risque très élevé [...] que de nombreux systèmes naturels soient affectés par les changements climatiques », selon une source proche des discussions. La délégation chinoise a contesté les bases scientifiques du caractère « très élevé » du risque, selon cette même source. En réponse, un groupe de scientifiques a remis une lettre de protestation à la présidente du groupe II du Giec, l'Américaine Sharon Hays, en faisant valoir que son degré de confiance élevé était scientifiquement établi.

Selon le premier volet de ce 4e rapport du Giec, publié le 2 février dernier à Paris, la température moyenne de la terre pourrait gagner 1,1 à 6,4°C d'ici 2100 par rapport à 1990, avec « une meilleure moyenne possible » de 2 à 4°C en vertu des scénarios socio-économiques envisagés. Ce deuxième volet sur les impacts « expose très clairement les graves conséquences que le changement climatique aura sur nous tous », a ajouté Stavros Dimas, commissaire européen chargé de l'Environnement. Pour les ONG (Greenpeace, les Amis de la Terre et le WWF), l'urgence du rapport appelle une réponse du même ordre de la part des gouvernements.

D'ici 2080, jusqu'à 3,2 milliards d'humains seront exposés à des pénuries d'eau sévère et 600 millions à la faim en raison des sécheresses, de la dégradation et de la salinisation des sols. Chaque année, 2 à 7 millions de personnes supplémentaires pourraient subir des inondations, notamment sur les côtes où la pression démographique s'accentue et dans les grands deltas d'Afrique de l'Ouest, d'Asie ou du Mississipi. Les populations des régions arctiques, sub-sahariennes, des mégadeltas d'Asie et des régions côtières sont donc les plus exposées. « Les petites îles sont toutes seules », a rappelé le co-président du groupe de travail du Giec, Martin Parry. Ces territoires isolés sont menacés d'être submergés par la montée du niveau des océans, évaluée de 20 à 60 cm d'ici 2100. Pour les pays africains, l'adaptation à la montée du niveau des océans pourrait représenter 5 à 10% du PIB, un coût insurmontable pour les plus pauvres. « Les populations pauvres, même dans des sociétés prospères, sont les plus vulnérables au changement climatique », ont souligné les experts. « Ceci requiert notre attention, car les plus pauvres sont aussi les moins aptes à s'adapter », a commenté Rajendra Pachauri, le président du Giec. « Il y a maintenant sur tous les continents des signes du changement climatique qui affectent les animaux et les plantes et nous en avons la preuve », a souligné Martin Parry, coprésident du groupe de travail du Giec sur les impacts du réchauffement.
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Paru le : 08 juin 2007
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