Omniscience

31 janvier 2007 - France : bienvenue dans l’ère des canicules !

Les chercheurs de la communauté climatique française ont publié aujourd’hui Le Livre Blanc des nouveaux scénarios climatiques français dont une partie a contribué à la préparation du 4^e rapport du Giec. Dans le cadre de la préparation de ce rapport, la communauté climatique française a réalisé un exercice de simulation du climat sans précédent. C’est la première fois qu’elle participe à la réalisation d’un ensemble important de simulations de scénarios recommandés par le Giec pour servir de base à l’évaluation des changements climatiques futurs.

Le réchauffement de la planète se traduira probablement en France par une multiplication par 10 du nombre de canicules à partir de 2070, selon les modèles climatiques utilisés par Météo France pour affiner les projections mondiales. La France a déjà largement ressenti l'impact du réchauffement, avec deux canicules coup sur coup en août 2003 et juillet 2006, et un hiver 2006 qualifié de « plus doux » depuis le début des relevés fiables.

« Les prévisions des experts (du Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, publiées aujourd’hui) tombent tout à fait dans nos simulations sur deux scénarios » constate Serge Planton, responsable du groupe de Recherche sur le climat à Météo France. Dans ces deux scénarios, l'homme continue d'envoyer des gaz à effet de serre dans l'atmosphère, causant un doublement, voire un triplement, des concentrations de dioxyde de carbone. Dans le premier cas, la température moyenne en France grimpera de 2 à 2,5°C et dans l'autre de 3 à 3,5°C à l'horizon 2070-2099. Encore s'agit-il de scénarios « moyens », décrivant une croissance ni très vertueuse, ni très polluante. « Il y a 1°C d'écart entre les deux scénarios, mais les conséquences sont considérables », souligne Serge Planton. Le nombre de canicules (journées de forte chaleur, supérieure à 35°C) sera multiplié par 7 si la température moyenne gagne 2°C, et par 14 pour 3°C de plus. Ces simulations conduisent Météo France à prédire « un été sur deux comparable à celui de 2003 » à l'horizon 2070-2099.

« Quand on dit que les canicules vont être multipliées par plus de 10, cela signifie par exemple, pour la ville de Nîmes, qui a connu 40 jours à plus de 35°C en 2003, que cela deviendra une situation normale à la fin du siècle », précise Serge Planton. La température moyenne de l'été 2003, marqué par une canicule qui a fait 15 000 morts, a été supérieure de 4,3°C à la moyenne de 1960-1989. « Cela doit nous engager à passer à l'action rapidement. Seulement 4 à 6°C nous séparent de la dernière période glaciaire il y a 20 000 ans. À l'époque, la calotte glaciaire recouvrait l'Écosse, et la France présentait des paysages de toundra sibérienne », rappelle-t-il.

Une hausse moyenne de 3 à 3,5°C en France recouvre des écarts saisonniers importants : le thermomètre grimpera de 4 à 5°C l'été contre +2,5 à 3°C l'hiver. La sécheresse s'aggravera nettement dans la partie sud de la France. Les précipitations baisseront de 20 à 35% l'été. L'hiver, il pleuvra de 5 à 20% de plus. Le réchauffement va continuer de réduire la durée d'enneigement en montagne, d'un mois à une altitude de 1 500 mètres (sur 4 mois au total) à la fin du siècle : les stations des Alpes du sud seront frappées de plein fouet.

La France devra s'adapter, car « les impacts se feront sentir pendant plusieurs millénaires », estime Serge Planton. « Nous avons déjà commencé à nous adapter, avec la mise en oeuvre du plan canicule », remarque-t-il. Pendant la canicule du 10 au 28 juillet 2006, moins intense mais plus longue qu'en 2003, on a observé un excès de mortalité de 1 388 décès, contre 15 000 en 2003. La France a connu son année la plus chaude en 2003 et les 10 années les plus chaudes entre 1996 et 2006, depuis le début des relevés nationaux (1950).

À notre niveau, nous pouvons agir sur cette catastrophe annoncée par une meilleure maîtrise de notre consommation d'énergie, les voies à suivre sont clairement énoncées dans le livre consacré aux Énergies alternatives qui vient de paraître chez Omniscience.
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