Les actualités > Faut-il résister à la biométrie ?

Faut-il résister à la biométrie ?

31 mai 2007 - Faut-il résister à la biométrie ?

La « généralisation excessive de la biométrie » inquiète le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui a estimé « indispensable la mise en oeuvre d'un réel contre-pouvoir » et qui « appelle à un débat public ». Image de l'iris, empreintes génétiques ou forme de la main, « subrepticement, notre société, au nom du paradigme sécuritaire, s'habitue à l'usage de ces marqueurs biométriques et chacun accepte finalement et même avec quelque indifférence d'être fiché, observé, repéré, tracé, sans souvent même en avoir conscience ».

Évoquant la « hantise sécuritaire » depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le Pr Didier Sicard, président du CCNE, invite à s'interroger sur le « prix à payer pour rendre la vie plus sûre ». « À notre insu, un jour on peut se réveiller totalement tatoués par une biométrie », a-t-il mis en garde. « En Grande-Bretagne, on arrive à prendre l'image de l'iris des passagers d'une voiture », a souligné le Pr Maxime Seligmann, rapporteur de l'avis n°98 du CCNE. Et de citer : voix, démarche, rythme de frappe sur un clavier qui sont des procédés d'identification associés à des comportements, carte à puce Navigo de transport en Île-de-France, téléphones portables qui permettent de « repérer notre chemin quotidien dans la ville ». En France, le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) contient maintenant celles de près de 500 000 personnes, les données pouvant être conservées 40 ans pour celles qui sont condamnées, 25 ans dans les autres cas. La durée de conservation est de 100 ans en Angleterre où jusqu'à 4 millions de personnes seraient fichées dans la banque ADN de la police, relève l'avocat Mario Stasi, co-rapporteur de l'avis.

Selon le Comité d'éthique, « rien ne saurait justifier la conservation de ces données » pour les « personnes ultérieurement jugées innocentes ». Si le refus d'un prélèvement d'ADN peut être sanctionné comme un délit, il y a « absence de consentement », note Mario Stasi qui pointe d'autres « risques de dérives », comme l'interconnexion de fichiers. « Le passeport biométrique récemment mis en service dans 27 pays d'Europe et d'Amérique illustre les risques d'abus de la biométrie. » La confidentialité des données transmises à partir de puces électroniques intégrées au passeport biométrique est « illusoire », d'après les experts mandatés par l'Union européenne, rappelle le CCNE.

Humabio, un récent projet européen, inquiète aussi le CCNE. Pour suivre en permanence l'état de vigilance des transporteurs de fonds ou des pilotes d'avions notamment, des enregistrements de leurs électroencéphalogramme et électrocardiogramme pourraient être transmis à distance, avec le risque que ces données soient obtenues « à leur insu », précise le Pr Sicard. Face au développement « en apparence inéluctable » de la biométrie, le CCNE insiste sur la nécessité d'une « prise de conscience », d'une « résistance ». Il recommande « d'assurer un strict respect des finalités liées au recueil de chaque type de données », et d'interdire toute « interconnexion des fichiers présentant des identifiants communs mais destinés à des finalités différentes ». « En particulier devrait être interdit tout regroupement de données susceptibles d'entraîner des stigmatisations ou des discriminations à l'embauche » ou par les sociétés d'assurances.
Voir toutes les actualités >>>
 
PASSION OISEAUX

PASSION OISEAUX

Paru le : 25 octobre 2018
Prix en librairie : 29 € TTC À travers toute la France et à tire-d’aile, cet ouvrage vous invite à une balade [...] En savoir plus >>>
 
http://salomonkalou.com/