Les actualités > Le nucléaire se lève à l’Est

Le nucléaire se lève à l’Est

6 mars 2007 - Le nucléaire se lève à l’Est

Les anciens pays communistes de l'Union européenne sont de chauds partisans de l'énergie nucléaire et se lancent dans la construction de nouveaux réacteurs.

La Lituanie a réussi à convaincre ses voisins baltes, la Lettonie et l'Estonie, mais aussi la Pologne, de financer et construire sur son sol au moins deux réacteurs pour une puissance totale de 3 200 MW, pour une mise en service vers 2015. En Slovaquie, l'électricien italien Enel, qui contrôle l'ancien producteur public Slovenske Elektrarne, vient de s'engager à construire d'ici à 2013 deux nouveaux réacteurs à Mochovce dans l'ouest du pays. La Roumanie se propose également d'accroître sa production d'électricité nucléaire, avec la mise en service courant 2007 de la 2e tranche de la centrale de Cernavoda (sud-est), de technologie canadienne. Elle projette d'en construire deux autres pour 2014. Enfin, la Bulgarie a signé fin novembre un accord avec la société russe Atomstroyexport pour la construction à Béléné, sur le Danube, d'une nouvelle centrale pourvue de deux réacteurs de nouvelle génération de 1 000 MW pour 2013.

Si tous ces projets sont menés à bien, tous les anciens pays communistes qui sont entrés dans l'Union européenne auront recours à l'électricité nucléaire d'ici à 8 ans, grâce à des centrales sur leur territoire ou à travers un partenariat. Par contraste, l'Autriche et l'Irlande sont des antinucléaires convaincus. De plus, la Suède et l'Allemagne ont opté pour la sortie totale à terme du nucléaire. Lors des négociations d'adhésion des anciens pays communistes à l’Union, la fermeture progressive de plusieurs centrales de technologie soviétique a été exigée, en Slovaquie, en Lituanie (où a été construite à Ignalina une soeur jumelle de Tchernobyl) et maintenant en Bulgarie.

Mais, dans l'est de l'Union européenne, les experts du nucléaire, formés pour la plupart à l'école soviétique, savourent désormais leur revanche. En effet, le renchérissement inéluctable à terme du pétrole, les inquiétudes sur le changement climatique et l'arrogance de la Russie, forte de ses énormes gisements de gaz et d'huile, ont permis à l'énergie nucléaire de regagner des points au sein de l'Union européenne.

Dans les nouveaux pays membres, la priorité est de s'affranchir de la dépendance russe car, plus que les anciens, ils se méfient des intentions futures de Moscou. « Sans nucléaire, nous pourrions survivre sans aucun doute mais notre dépendance au gaz augmenterait significativement », explique Saulius Specius, conseiller pour l'énergie du Premier ministre lituanien. En Lituanie, le gaz vient à 100% de Russie et couvre 30% des besoins énergétiques du pays. Sans nucléaire, cette dépendance monterait à 50%.

Les dirigeants des nouveaux pays membres peuvent compter sur l'appui, ou du moins sur l'indifférence, de leurs électeurs. Les enquêtes Eurobaromètre, réalisées pour la Commission européenne, montrent que ces nouveaux pays sont bien plus favorables au nucléaire que les anciens. Ainsi, si les Autrichiens sont massivement opposés au nucléaire, leurs voisins hongrois, slovaques ou tchèques sont majoritairement favorables à cette énergie. Mieux, certains regrettent même les vieux réacteurs soviétiques à la sécurité incertaine, fermés pour satisfaire l'Union européenne, comme en Bulgarie ou en Lituanie.
Voir toutes les actualités >>>
 
OBSERVATION - Pratiques et enjeux

OBSERVATION - Pratiques et enjeux

Paru le : 26 mars 2015
Prix en librairie : 39 € TTC Comment les pratiques de l’observation que diverses sciences ont pu élaborer ont-elles provoqué des transformation [...] En savoir plus >>>
 
http://salomonkalou.com/