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La première pierre du RJH est posée à Cadarache

19 mars 2007 - La première pierre du RJH est posée à Cadarache

La construction du réacteur de recherches Jules Horowitz (RJH), le premier outil de recherche nucléaire de ce type construit depuis près de trente ans, a été lancée aujourd'hui au centre du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) de Cadarache dans les Bouches-du-Rhône.

« Le RJH apportera une capacité d'expertise modernisée nécessaire pour la France mais aussi l'ensemble de l'Europe », a déclaré François Loos, le ministre délégué à l'Industrie, en inaugurant ce chantier. « C'est un instrument de recherche européen de premier plan qui soutiendra la filière nucléaire en Europe » et contribuera au respect de l'objectif de réduire de 20% d'ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre en Europe, a-t-il ajouté. D'une puissance de 100 mégawatts, le réacteur qui porte le nom d'un ancien directeur de la recherche fondamentale du CEA, avait reçu le feu vert de l'État en 2004. Il doit entrer en service en 2014 et « est d'autant plus stratégique que les réacteurs de recherche européens actuellement en service devraient être progressivement arrêtés dans les dix prochaines années », a souligné le ministre. Ces réacteurs ont plus de 45 ans d'âge.

Destiné à tester matériaux et combustibles des futures centrales nucléaires, le RJH va permettre de recréer les environnements physiques et chimiques de toutes les filières de réacteurs, présentes ou projetées. Il remplacera l'installation Osiris de Saclay (Essonne) créée en 1966, afin de préparer la construction du prototype de réacteur de 4e génération prévu pour 2020. Il permettra de développer des matériaux résistant notamment aux conditions extrêmes des réacteurs à fusion tels qu'Iter et des combustibles nucléaires innovants. On y étudiera notamment la résistance aux très fortes températures et au bombardement de neutrons des aciers et du zirconium utilisés pour les pièces de structure des centrales et le gainage du combustible. Les exploitants en attendent de précieuses informations sur d'éventuelles prolongations de l'exploitation des centrales en activité. Si les mécanismes de vieillissement de la cuve du réacteur sont désormais bien compris, il n'en est pas de même pour les parties internes du coeur, a expliqué le directeur du projet Daniel Iracane.

Mais on s'intéressera surtout aux matériaux du futur, comme les céramiques, dont on pourra mesurer les caractéristiques mécaniques dans ces environnements extrêmes. Car, même si la simulation numérique a fait d'énormes progrès, elle ne permet pas de se passer complètement de l'expérimentation réelle. Lors de la fission nucléaire, les neutrons dégagés viennent percuter les atomes des pièces de structure du réacteur, les déplaçant légèrement à la manière d'une boule de billard et fatiguant le métal à la longue. Dans une centrale du type de celles actuellement exploitées par EdF, chaque atome des pièces de structure est déplacé deux fois par an. Dans Osiris, c'est 5 à 6 fois par an. Dans le RJH, ce sera 15 fois par an. Les matériaux testés y seront donc beaucoup plus sollicités que dans les centrales nucléaires actuelles. Le RJH a aussi été conçu pour pousser les combustibles nucléaires à leurs limites, en les soumettant à un surcroît de puissance ou en arrêtant leur refroidissement. Le combustible chauffe, la gaine se fissure et le confinement des substances radioactives n'est plus assuré. Osiris permet de telles manipulations, « mais c'est galère », selon Daniel Iracane. « De telles expériences ont actuellement un coût exorbitant en énergie, en temps et en argent. »

Comme les autres réacteurs de recherche, le RJH fabriquera par ailleurs des isotopes radioactifs à courte durée de vie (et donc instockables) utilisés en radiothérapie. Il pourra assurer la production de 25% des besoins européens, proportion pouvant passer à 50% si nécessaire.

Durant la cérémonie, les partenaires industriels EDF et Areva, ainsi que des centres de recherche atomique européens (NRI de la République tchèque, SCK-CEN de Belgique, VTT de Finlande et Ciemat d'Espagne) ont signé un accord concrétisant leur participation au RJH. Le financement du projet (au total 500 millions d'euros) sera assuré à 50% par le CEA, à 20% par les partenaires européens et internationaux, à 20% par EDF et à 10% par Areva. « Des discussions avec d'autres se poursuivent, je ne peux que les inviter à monter à bord », a dit François Loos. Le Canada pourrait se joindre au projet, réduisant d'autant le montant de la facture supportée par le CEA, tandis que la participation du Japon est en cours de finalisation et « nous avons la volonté d'élargir la participation européenne au projet », ce nouvel outil ayant une portée « continentale », a souligné Daniel Iracane. Il pourrait remplacer les quatre réacteurs de recherche européens encore en service en Belgique, aux Pays-Bas, en Norvège et dans la République tchèque, qui s'approchent tous du demi-siècle d'existence.

« La relance du nucléaire dans le monde se confirme par l'annonce de la construction d'une trentaine de réacteurs dans une douzaine de pays au moins », a déclaré l'administrateur général du CEA Alain Bugat, soulignant le rôle du RJH pour former de nouvelles générations d'ingénieurs et techniciens nucléaires. « Si l'Europe veut continuer à jouer un rôle de leader dans la recherche et le développement nucléaire ainsi que sur la scène industrielle, nous avons absolument besoin de développer de nouveaux réacteurs de recherche », a observé Frank Deconinck, président de la European Nuclear Society, pour qui la diversité des applications du nucléaire (énergie, thérapie médicale, dessalement de l'eau ou production d'hydrogène) assure son avenir. « Avec Iter et aujourd'hui le RJH, le site de Cadarache devient l'un des plus grands centres européens de recherche sur les énergies non génératrices de gaz à effet de serre », a conclu François Loos.
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